Conseil européen des Affaires étrangères : conclusions
Ce lundi 20 juin, le ministre David Clarinval a rejoint les ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg pour un Conseil des affaires étrangères. À l'ordre du jour figuraient plusieurs dossiers : la guerre en Ukraine ainsi que les situations dans la Corne de l'Afrique et en Égypte.
Guerre en Ukraine
Le Conseil a fait à nouveau le suivi des derniers développements autour du conflit mené par la Russie en Ukraine. Près de quatre mois après le début des hostilités et suite au redéploiement des troupes russes dans le Donbass, la Russie occupe aujourd’hui environ un cinquième du territoire ukrainien. La Belgique, avec ses partenaires européens et internationaux, est toujours autant déterminée à apporter un soutien maximal aux Ukrainiens tout en mettant le plus possible la pression sur la Russie pour que celle-ci mette fin à cette agression.
Pour faire face aux conséquences de la guerre et au nouvel environnement géopolitique qu’elle a entrainé, l’Union européenne a élaboré un « plan d’action de l’UE pour l’Ukraine » qui a été présenté aux membres de ce conseil. Ce plan se concentre d’abord sur les défis à surmonter en matière de sécurité alimentaire, d’énergie, de déséquilibres macroéconomiques et de désinformation en provenance de Russie. Il contient une série d’initiatives politiques, financières et de communication que l’Union entend mettre en œuvre, en collaboration avec les États-membres, au niveau international et régional.
David Clarinval : « le fait que la grande majorité de nos partenaires soient bien plus préoccupés par les conséquences de la guerre que par les causes de celle-ci souligne l’importance de présenter des réponses concrètes aux défis qui s’annoncent, à court et à moyen terme. Avec des actions ciblées comme les ‘corridors de solidarité’ pour faire sortir d’Ukraine les produits alimentaires bloqués par la Russie, l’UE montre qu’elle est un partenaire fiable et responsable. Il est également indispensable de contrer l’influence du récit russe. Il faut continuer d’isoler le régime du Moscou sur la scène internationale. »
C’est pourquoi, pour la Belgique, il est nécessaire de mieux communiquer et de manière plus pointue avec les pays qui sont victimes de la désinformation russe. Notre pays en appelle donc à la mise à disposition urgente d’une boite à outils afin de lutter contre la manipulation et la propagande, de manière très ciblée, pays par pays. «Il faut rétablir la vérité : ce ne sont pas les actions ou les sanctions de l’Union européenne qui mettent en péril la sécurité alimentaire mondiale ! C’est la guerre brutale menée par la Russie. C’est aussi la Russie qui bloque des millions de tonnes de céréales dans les ports ukrainiens ou détruit les terres agricoles d’un pays considéré comme l’un des greniers du monde. Les prix des denrées alimentaires et des produits comme l’engrais ne baisseront que si le Président Poutine met fin à la guerre qu’il mène » explique le ministre Clarinval.
En fin de semaine, une autre discussion cruciale sur l’avenir de l’Ukraine se tiendra au Conseil européen : la question de l’adhésion à l’UE. Sans anticiper la conclusion de ces échanges, le ministre Clarinval a mis en évidence trois grands principes qui fonderont la position de la Belgique dans ce dossier : le maintien de l’unité de l’UE, de la crédibilité du processus d’élargissement et la garantie du bon fonctionnement de l’Union.
Égypte
La question de la sécurité alimentaire concerne aussi l’Égypte qui est aussi fortement dépendante des importations et, donc, souffre de la flambée des prix des denrées alimentaires. Ce point a été discuté en Conseil, en présence du Ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry. La Belgique soutient pleinement le plan européen visant à atténuer les conséquences de la crise pour les pays les plus touchés et souligne aussi la nécessité de s’attaquer aux causes structurelles du problème en investissant, entre autres, dans des systèmes alimentaires durables. Cette préoccupation ne devrait pas affecter les relations politiques bilatérales. L’Égypte reste un acteur de premier plan dans la région et un partenaire-clé pour l’UE, que ça soit en matière de commerce, d’énergie, de lutte contre le réchauffement climatique, de migration ou de stabilité régionale. Hier soir, à Luxembourg, de nouvelles priorités ont été formellement adoptées. Elle détermineront le cadre politique du partenariat entre l’UE et l’Égypte jusqu’en 2027. David Clarinval : « Ces nouvelles priorités renforcent nos relations avec l’Égypte et devront permettre également de poursuivre le dialogue sur les droits de l’homme. L’adoption, par l’Égypte, d’une première stratégie nationale sur cette question l’année dernière est un premier pas qui devra être suivi, dans l’attente d’autres. »
La Belgique accorde énormément d’importance à la déclaration conjointe sur le climat et l’énergie adoptée par l’UE la semaine dernière avec l’Égypte. Cela confirme donc notre intention de coopérer pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’afficher des résultats concrets lors de la COP27 à Sharm-el-Sheikh, cet automne. Pour notre pays, cette déclaration est une étape obligatoire pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’UE. Le protocole d’accord entre l’Égypte et Israël sur l’approvisionnement de gaz à l’UE participe aussi pleinement à la diversification de nos ressources en énergie.
Corne de l'Afrique
L'invasion russe de l'Ukraine a également eu des conséquences néfastes sur la Corne de l'Afrique, exacerbant les problèmes déjà existants. La région est confrontée à une crise humanitaire due aux conflits et aux catastrophes naturelles, notamment une sécheresse historique. Le terrorisme et la piraterie continuent également de saper la stabilité de la région.
En Éthiopie, après un an et demi de guerre civile, les parties ont conclu une trêve humanitaire. En outre, les prisonniers politiques ont été libérés et une partie des troupes érythréennes s'est retirée. Le gouvernement éthiopien a également mis en place une commission chargée de poursuivre les auteurs de violations des droits humains. L'accès humanitaire au Tigré s'est amélioré au cours des derniers mois, mais reste insuffisant.
Le Conseil a évalué la situation sur le terrain, ainsi que la stratégie de l'UE pour la Corne de l'Afrique, un an après son adoption. La Belgique reconnaît que des progrès ont été réalisés en Éthiopie, mais estime que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour normaliser les relations. Des progrès doivent être réalisés en termes d'accès humanitaire, de respect des droits humains, d’obligation de rendre des comptes pour les crimes commis et de lutte contre l'impunité - ces deux derniers points étant des conditions nécessaires à une réconciliation durable.
David Clarinval : « il est impératif que nous travaillions avec l'Union africaine et d'autres acteurs institutionnels africains pour combattre l'intolérance et les discours de haine qui semblent être en hausse en Éthiopie, au Sahel et dans la région des Grands Lacs. Ils sont souvent alimentés par la désinformation et causent de très graves dommages à long terme. En ce qui concerne l'Afrique centrale, en vue d'une désescalade, il semble approprié que l'UE soutienne à la fois les efforts de médiation angolais et les autres mécanismes régionaux de dialogue, y compris le processus de Nairobi. »
Dans ce contexte, la Belgique a attiré l'attention sur la récente dégradation de la situation sécuritaire dans l'est de la République Démocratique du Congo, due à une nouvelle offensive du groupe rebelle M23 et à la montée des tensions entre la RDC et le Rwanda. Le ministre Clarinval a appelé les 27 à discuter de cette question lors d'une prochaine réunion du Conseil, proposition qui a été accueillie positivement par le Haut-Représentant Borrell.